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Léon en route vers le Pacifique IX par Michel, Jean-Claude et Matthias

J’espère que vous êtes tous en forme. Nous, tout va bien, on est toujours sur notre petit nuage. Ces derniers temps c’était d’ailleurs plus sous des nuages et des grains que sur un nuage.

Mais on ne se plaint pas, hier la journée a été très belle. Les vêtements ont séchés. Les pâtes au pistou étaient al dente, et le stock de Haribo n’est pas épuisé (Merci Peggy !). Tout va donc très bien. On avance. La première moitié du périple est derrière nous, on ne battra pas le record de la traversée . Pas cette fois en tout cas!

Et alors que le soleil se lève sur ce 15eme jour de mer, c’est l’occasion d’un premier “regard en arrière”. Avant le départ, une amie m’avait souhaité “un bon voyage avec de belles rencontres”.
-” De belles rencontres? On est en mer, dans un huit clos de 30 m2+ terrasse et vue mer. A part un mahi mahi ou une baleine, on ne devrait pas rencontrer grand monde” lui avais-je répondu. avec un peu de recul, je me dis qu’on en fait finalement de belles, rigolotes et indélébiles rencontres en mer.
Pour commencer je tairais la demande en mariage de la jolie caissière du supermarché de Colon à Panama. Je commencerai plutot – et ni voyait aucun lien – par le chauffeur de taxi qui m’a amené de l’aéroport à la Marina ( plus d’une heure de route). Le Carnaval venait de se terminer, il semblait resplendissant et rêveur, m’expliquant qu’ici le divorce n’existait pas. ” Ben oui, une fois par an, il y a le carnaval. Les garçons et les filles mettent un masque. On fait la fête pendant six jours. On ne rentre pas a la maison, on a des aventures… Et puis tout revient dans l’ordre. On ne pose pas de question à son conjoint et la vie continue!” Moi qui suit divorcé et dans l’événementiel, je réfléchis à l’évolution qu’on pourrait donner au Carnaval de Nouméa …
Et il y a eut ce backpacker suédois, équipier sur un bateau australien pour le passage des écluses. Il voyageait depuis longtemps, preuve en est, les multiples boutons de moustiques qui dessinaient ses jambes, façon impressionniste. Sur le moment, son histoire m’a fait rire. Débarqué par avion aux Canaries, il cherchait un embarquement pour traverser l’Atlantique.
– ” Mais on est trop à faire cela, et l’offre d’équipiers est plus importante que la demande, alors avec 5 autres voyageurs on a acheté un bateau ( une épave?) pour 1000 dollars. Pas de moteur. Pas d’électricité. A la bougie, avec juste un Gps pour faire les points sur … un cahier Clairefontaine, et surement un mélange d’inconscience, de détermination et de… ( je vous laisse trouver l’adjectif). Ce qui devait arriver, arriva. La fine équipe qui était partie en Avril ( saison terminée, l’alizé soufflant apriori dans le mauvais sens) a démâté, dérivé et survécu guitare à la main jusqu’à ce qu’ils aperçoivent à l’horizon un bateau de pêche. Mais quand tu n’as ni VHF, ni fusée de détresse, tu fais comment? Sur le moment, la réponse m’a encore fait rire. Il ont mis le feu au pont de leur bateau ! Et ça a marché! Notre ami est à Panama. Et cherche un bateau pour traverser. Espérons qu’il trouve!

Il y a aussi les rencontres en mer. Oui, avec la VHF, quand on en a une!
-Le couple de voyageur bavard et aisé qui vont se poser au Galapagos, découvrir toutes les îles de Polynésie, pour d’ici un ou deux ans débarquer en Calédonie. -Le marin chinois, à l’anglais approximatif, qui s’ennuie à la tourelle de son cargo. Nous ayant repéré sur son écran, il veut discuter. Curieux, il pose plein de questions. Et nous parle de son enfance où il faisait du voilier. – la famille de 4 avec un chien, qui a midi mange “du saucisson et de la bière ” et qui nous demande de faire marche arrière, car ils ont des bananes à nous donner. On a presque hésité, plutôt par curiosité. Leur bateau étant un “prototype en aluminium sans grand voile!?” – comme belle rencontre il y a eu également ” museau blanc”, le dauphin albinos(?) qui répondait à nos appels et dansait encore autour de Léon, 10 minutes après le départ de la centaine de ses congénères…
Tout ça ce sont des rencontres en dehors du bateau. Mais dans ce huit clos qui se joue à bord de Leon, on discute , on se découvre, on se livre un peu… Et moi, en plus du super Capitaine, j’ai un Monsieur qui m’impressionne. Il a 79 ans, et j’ai une certitude: Il n’est pas vieux. Il a un regard d’adolescent. Il est le premier à mettre la ligne pour pêcher. Il récupère la Météo par téléphone satellite, la charge sur l’IPad. Il me raconte des histoires de marins en permission dans les ports du monde. Et Quand à minuit, il est debout, son bonnet bleu vissé sur la tête, les écouteurs sur les oreilles, il semble heureux et frais comme un gardon, même sous la pluie. D’ailleurs, il est en train de se lever. Comme chaque matin, il va faire un bon café. Plus tard, il sera a 4 pattes sur la jupe du bateau lavant la cafetière. Je le regarde et me demande intérieurement:
-“A 79 ans, tu seras mort, au CHS, avec des cacahouètes devant la télé ou tel un jeune homme, menant un bateau de course à travers le Pacifique?”

En tout cas, elle avait finalement raison cette amie, on en fait des belles rencontres sur l’océan.

Matt

Ps: bisous à tous. à bord tout va très bien, pour les hommes et le bateau.

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