Un podium presque complet …
Organisée par la SNT, cette course de ralliement pour le Fastnet 2025 est devenue également une épreuve qualificative pour la transat Cap Martinique. Son format de 350 milles, ses passages délicats à négocier le long de la pointe Bretagne, dans la traversée du Channel et à l’arrivée dans le Solent, sans oublier la qualité du « plateau », rendent l’épreuve magnifique.
Cette année, la météo est musclée au départ avec 20-25 nds de vent d’ouest tournant nord-ouest puis nord … la navigation se fera donc au près jusqu’au Four puis au près débridé vers l’île de Wight et Cowes.
Top départ
La remontée jusqu’au Raz de Sein se négocie au gré des bascules. Sur le JPK 1050 « Léon », JB (Jean-Baptiste Dejeanty) et Thomas (Audren, de la voilerie Incidences) naviguent ensemble pour la première fois sur le bateau : il va falloir vite se caler ! Après un super départ, le décor est vite campé. Tous les favoris de cette course en double se retrouvent devant. Le Pogo RC « Aruba » est confié à deux excellents figaristes en les personnes d’Achille Nebout et de Gildas Mahé, ils sont favoris au départ. Trois autres JPK 1050 sont au départ, « Laudato » de Régis Vian, « Solenn » de Ludovic Gérard et « Pilou », le bateau d’Hervé Chataigner mis à l’eau seulement cinq jours plus tôt ! Gildas Morvan l’accompagne sur cette course, puis sur le Fastnet.
Le JPK 1010 « Abracadabra », toujours dans le top 2 ou 3 de toutes ses courses, reste un client plus que sérieux, tout comme les JPK 1030 « Hurlevent » et « Fondation Arthritis », sans oublier le A35 « Galatée » et quelques autres outsiders.
Les heures passent et aux Glénans, Pilou a pris un petit avantage sur le Aruba et sur Solenn, mais le 1010 Abracadabra est devant en temps compensé, tout comme le 1030 Hurlevent de Gaétan Bodmer qui va vraiment vite au près, ballasts obligent.
Un Raz de Sein pas commode
En approche du Raz, le vent se renforce autour de 25-28 nœuds alors que la marée s’inverse. C’est donc vent contre courant que les passages du Raz de Sein et du Four vont se faire, dans une mer « casse-bateaux ». C’est violent mais ça avance grâce au courant qui pousse, et ça tire des bords aussi bourrins que tactiques, car il reste beaucoup de coups à jouer dans le secteur. De fait, Pilou s’échappe un peu et Aruba fait l’intérieur à Léon et Solenn au niveau du Four, avant de choquer légèrement les écoutes cap sur le DST « Casquets » du milieu de manche.
DST Casquets : option nord ou sud ?
A ce moment de la course c’est Abracadabra qui mène en temps compensé devant Pilou et Hurlevent, les 3 autres JPK 1050 et le Pogo RC restant très proches derrière. La traversée de la Manche vers l’Île de Wight impose de choisir une option : au dessus ou en dessous du DST. Solenn est le premier à plonger sous la route pour contourner par le sud. Deux heures plus tard, c’est Aruba qui lui aussi met du mou dans les écoutes.
Le choix n’est pas simple car il ne repose que sur le timing précis de l’arrivée. Pour passer par le dessus et réduire un peu la route, il faut être certain d’arriver avant 11 heures devant les Needles, car dans la foulée, le vent adonne et mollit fort avant de revenir de l’ouest en début d’après midi. En retard sur le timing … et c’est le groupe du sud qui passera.
Devant, Pilou sous J2 et GV haute depuis le départ cavale et creuse un peu l’écart sur Léon, tous deux sur cette route « au dessus » quand sous le DST Solenn et Aruba sont bord à bord.
Le piège des Needles
À 11 heures, Pilou compte 8 milles d’avance sur Léon et mène largement la course en réel et en compensé. Il est même devant « FastWave », un redoutable JPK 1180 mené en équipage ! Mais aux Needles, le vent s’écroule et le bateau tamponne à 2 nœuds en attendant que le courant ne faiblisse car le timing n’est pas bon pour lui, il refoule du jus. Derrière, Léon qui devait croiser devant le groupe du sud se fait rattraper par la bulle de molle à 8 milles des Needles, ca va être compliqué ! Pendant que Pilou tamponne devant et cherche à entrer dans le Solent ça revient très fort de l’arrière, avec le flux d’ouest qui se met en place. Aruba et Solenn grimpent à 7 nœuds lors que devant, Pilou plafonne à 3 nœuds … mais ça y est, le seuil est franchi et le vent rentre lui aussi dans le Solent. Spi A2 en l’air, Pilou franchit la ligne devant le Yacht Club de Cowes et ses mythiques canons. 30 minutes plus tard arrive Aruba, puis encore 30 minutes après ce sont Léon et Solenn qui franchissent la ligne au coude à coude, lancés à 9-10 nœuds.
Les « petits ratings » sont à la fête car le vent d’ouest est maintenant bien installé, et Abracadabra, Hurlevent, Galatée, Fondation Artithris font route rapide et déboulent dans le Solent avec 20 bons nœuds de vent et le courant favorable …
Classement final
Top chrono, le podium s’affiche avec en première place « Abracadabra » (JPK 1010) , en deuxième place « Pilou » (JPK 1050), et en troisième « Hurlevent » (JPK 1030), jusqu’à une correction de temps favorable à « Orbit », le SF 3300 anglais qui s’est dérouté sur un autre concurrent après un appel MAYDAY. Avec 2 heures de bonification (les organisateurs favorisent toujours, et à juste raison, les actions de sécurité) Orbit vient se replacer sur le podium devant Hurlevent. Au classement overall, Abracadabra et Pilou occupent également les deux premières places devant Crews Control, un A35 mené en équipage.
La suite en fin de mois avec le mythique Fastnet qui promet d’être exceptionnel …
