Depuis pas mal d’années, la Duo Catamania s’est imposée comme « la » régate double à ne pas manquer dans la saison : plateau hyper relevé avec 65 bateaux au départ, parcours au top dans les plus jolis coins de la Bretagne sud, convivialité et humour de mise aux escales …
Cette année la météo nous a gâté coté soleil, un peu moins coté vent avec souvent des oppositions entre le vent de nuit orienté est puis le thermique d’ouest dans l’après midi.
Sur Léon je partage le bateau avec deux bons copains, Philippe Péché les 3 premiers jours (quelques tours du monde au compteur) puis Emile Martini (un champion de l’époque planche à voile) pour finir la semaine.
1ère manche
La 1ère manche en baie de Quiberon avec arrivée au Crouesty après un tour complet de la baie de la Trinité commence dans 4/6 nds de vent.
Sous code 0 (magnifique dessin de Steve Boltes de chez Incidences), le bateau est un avion et on enroule rapidement les bouées en tête avant une grande descente sous A2. L’élastique se tend et la flotte s’étire fort derrière. Au passage de la Vieille à Houat, le break est déjà bien fait et à part Jlance (J99), Locamalo (A35) et Abracadabra (JPK 1010), on sauve notre temps compensé. Remontée sous code 0 puis génois vers Sud Méaban avant une arrivée au Crouesty.
Et là, je fais la boulette de la journée qui va nous valoir la Rollande (énorme bouée canard de couleur rose !) qu’il va falloir trainer derrière le bateau le lendemain …
Le matin de la 1ère manche j’ai rentré tous les waypoints, exception faite de l’arrivée dont la bouée est notée « bouée Crouesty », que j’imagine être la bouée d’atterrissage de l’entrée de chenal.
A Sud Méaban, je dis à Philippe de préparer le A3 pour un bord serré dans 15/17nds de vent thermique. Le bateau trace à 12 nds et le Crouesty approche sans que je n’aperçoive le bateau comité ! On commence à se poser des questions, je relis les IC et je comprends que le point GPS de la bouée la situe à 2 milles plein travers sous le vent !! Il faut vite vite empanner avant de ne plus pouvoir parer les cailloux …
Je sais que l’écoute tribord n’est pas passée mais il faut envoyer le jibe. Sortie d’empannage : on se retrouve un peu couché car le safran au vent n’avait pas été redescendu dans la précipitation, plus l’écoute qu’il faut repasser.
Ca chauffe sous le casque sur Léon !
On reprend notre route après avoir tout remis au clair mais sous petit spi et en VMG descente on est loin des vitesses cibles, et surtout on a rallongé la route de 2 milles minimum. A l’arrivée, franchie en tête en réel, l’écart a fondu de 6/7 mn et cela va nous couter très cher pour passer de 1 ou 2 à 14ème en compensé !
Bref, la Rollande est bien méritée et pour la 2ème manche nous assumons le trophée.
Round 2
La régate 2 nous amène du Crouesty à Locmiquélic. Départ sous spi à l’anglaise, puis bord direct jusqu’au passage des Béniguets dans un vent de plus en plus faible. C’est compliqué de garder le spi gonflé en arrivant sur le passage étroit entre Hoëdic et Houat. 3ème à ce moment, on assure un bon passage axé dans le jus de la passe, mais derrière ça tourne vinaigre pour certains qui vont devoir démarrer le moteur pour échapper aux cailloux ! Le Pogo RC se fait piéger et abandonne tout comme une dizaine de bateaux. Devant nous la mer blanchit et ça sent la vraie pétole … Heureusement le courant nous porte dans le chenal de la Teignouse et sur le fond on garde un peu de vitesse pour approcher de Quiberon, puis des Birvideaux qui est une marque de parcours.
Avec notre code 0 on tricote sur mer plate à faible vitesse sur un mode bas, très efficace, mais une partie de la flotte bien détachée derrière se refait la cerise avec un retour léger du vent par l’arrière.
2ème en réel aux Birvideaux, derrière JLance auteur d’un come back par le large : le comité sonne l’arrivée anticipée et cela ne nous aide pas à sauver notre compensé car la flotte s’est recompactée. On termine 14ème, un peu frustrés, car le retour hors course jusqu’à Lorient se fait dans un bon flux de thermique d’Ouest qui vient de se lever …
Round 3
Jour 3 toujours très mou le vent de la nuit pour un départ à la pointe du talus devant Kerroch. A l’anglaise et sous spi, on lofe en babord vers Groix pour se dégager et choisir le coté du vent nouveau qui devrait arriver. Sous spi puis code 0, le bateau est assez insolent de vitesse et on creuse gentiment droit sur la route. Vers 12h le vent thermique se met en place et rentre de face pour une navigation au près. Ca grimpe un peu en force pour une navigation idyllique dans 12/15 nds en tee-shirt. Dernier bord débridé en longeant la côte superbe avant Concarneau. La flotte qui s’éloigne derrière en s’étirant est un bon signe et ça devrait sauver sur Locmalo qui est le seul dangereux aujourd’hui. Top chrono, l’étape est gagnée en réel et compensé, ça fait plaisir !
Manche 4
Jour 4, changement d’équipier. Emile remplace Philippe et navigue lui aussi pour la 1ère fois sur le bateau. Excellent barreur et tacticien, quand Philippe était excellent à la manœuvre, on doit réajuster les postes. Je serai davantage sur les manœuvres et la nav. Départ de Concarneau dans un flux de 10/15 nds au travers : les lumières sont magiques et tout le monde a le smile en quittant le ponton. Quelle chance d’être là !
On gère très bien le départ à l’anglaise sous code 0 qui, encore une fois, est la bonne voile. Festa, le SF 3300 de JF Hamon et Alex Ozon, est encore mieux parti et à la 1ère cardinale à 2 milles nous sommes repassés devant, avec Laudato le 1050 sistership mené par Régis Vian et sa fille Clémence, et Festa. Le bord suivant qui nous ramène à Lorient fait 18 milles et on choisi de naviguer max haut et au dessus de la route sous code pour garder le flux de terre. Ca paye franchement et de façon exponentielle, car le vent est toujourss plus fort devant et au vent. Deux heures après le départ nous avons 1,5/2 milles d’avance sur tout le monde et on espère juste pouvoir finir la manche avec cette brise de nuit qui devrait s’essouffler avant le retour du vent thermique. A une heure du waypoint d’arrivée, le vent s’écroule puis bascule de 60° à droite. Les bateaux en pointe sous le vent se retrouvent mieux positionnés quand on rentre fort dans le refus. Laudato et Aruba, le pogo RC (notre concurrent direct), touchent le refus avant nous et reviennent au contact en approche de Groix . Dernier bord : on roule le code avant le virement puis on le redéroule fissa pour un cap direct sur la ligne qu’on franchit en tête devant Laudato et Aruba. Derrière les écarts sont énormes, et le 5ème est 50 mn derrière. Le réel et le compensé sont encore pour nous, c’est bon !
Manche 5
Escale à Locmiquélic avec soirée langoustines, puis redépart pour la manche 5 cap sur Port Haliguen à Quiberon. Le vent est travers dans 8/10nds de vent mais la brise n’est pas installée uniformément sur le plan d’eau, il faudra slalomer dans les bandes de vent. Nouveau départ travers au vent et super start d’Émile. On glisse devant avec Laudato et Aruba aux fesses. Clairement, les nouveaux bateaux sont véloces avec des surfaces de voiles généreuses. Aux Birvideaux on passe à toucher Laudato à qui on demande « de l’eau aux Birvideaux » ! La suite se passe bien pour nous avec le fameux code 0 qui nous permet de faire du près dans 6/8 nds de vent, bateau appuyé. Le vent monte un peu et on troque le code pour le génois. On choisit l’option large avec 2/3 pif paf ado/refus bien profitables pour être positionné coté nouveau vent. Le Pogo RC 2 milles derrière part à terre et trouvera en fin de bord moins de courant et un peu plus d’air mais en butée gauche du plan d’eau ils s’exposent pour le retour sur la marque.
Au final nouvelle victoire devant Laudato pour un nouveau doublé des JPK 1050. Au général on remonte 3ème après nos 2 manches de 14 du début qui nous plombent un peu.
Sur cette course toutes les manches comptent et donc rien n’est jamais gagné ou perdu ce qui pimente bien le jeu.
Dernière manche
Le départ de la dernière manche est décalée à 11h car l’assemblée des coureurs est programmée avant. Dommage, car le vent est top de 8h à 12 h puis les fichiers annoncent de nouveau la pétole.
Quand on sort du port le vent souffle à 15 nds, mais 40 minutes plus tard c’est du 8 nds mollissant pour le départ. Dans la minute je prépare rapidement le code car sous génois dans le clapot ça risque d’être compliqué … bonne option car on arrive à glisser sur ce 1er près jusqu’à sud Quiberon.
Certains sont partis à l’opposé dans les cailloux le long de la Teignouse en considérant cette marque » à contourner » comme une marque à « laisser à » en visant la marque suivante. Ce détail va amener le comité à annuler la manche suite aux réclamations de certains bateaux, dont le 1010 Abracadabra qui joue la gagne au général, et se retrouve lésé quand le comité annonce de rejoindre direct l’arrivée depuis Sud Quiberon.
Sur Léon ça se passe bien et on s’est bien détachés avant de tomber dans une bulle sans vent à 150 mètres de l’arrivée. Le vent de terre, qu’on est sur le point de toucher, s’essouffle puis ce même vent de terre revient du large en 1er et la flotte finit groupée. Au compensé on se fait avoir et c’est 13eme qu’on termine la manche avant d’apprendre qu’elle sera annulée.
Pour nous ça ne change rien car nous étions soit 3èmes derrière le A35 Locmalo soit 2ème derrière Abracadabra. Le 1er est Jlance le bateau de Didier Lemoal, patron du chantier J boat, et qui a super bien navigué toute la semaine, toujours régulier aux avants postes.
Sur Léon nous sommes très satisfaits car sans cette 1ère manche « boulette » la gagne était jouable. Mais bon en voile avec des « si » on arrive toujours à refaire l’histoire !
Cette course reste un must de ce qu’on peut faire avec une belle intensité sur l’eau, un nombre et une qualité de participants hallucinants, une ambiance ultra sympa à terre et un comité et une organisation pro et attentive.
Vivement l’an prochain qu’on remette ça !
JP Kelbert
